par Sabrina Desjardins
Le Diamantaire est un artiste français à surveiller lors du festival MURAL, qui se déroulera de 12 au 15 juin prochains. Il s’agit de sa première présence dans un festival au Canada. L’artiste travaille avec des miroirs, qu’il réutilise en les moulant dans une forme de diamant. Le Diamantaire œuvre dans la sphère de l’installation, en disposant ses miroirs moulés un peu partout sur son passage.
Le miroir comme matériau de prédilection
Le Diamantaire utilise comme principal matériau de création le miroir, ce qui est très peu commun, sinon inexistant, dans le milieu du street art. Ce milieu ne regorge pas d’artistes qui font des installations, ce qui ajoute à la singularité de cet artiste. Le Diamantaire affectionne particulièrement la capacité du miroir à réfléchir son environnement, qui varie en fonction des heures de la journée et des saisons. En ajoutant au miroir de l’aérosol coloré, ce qui lui donne son apparence de diamant, l’artiste annihile la possibilité pour les gens de se regarder dedans. Ainsi, le miroir-diamant conserve comme unique fonction de refléter la ville, en s’adaptant aux changements de celle-ci comme un caméléon. Le miroir confère au diamant plus de profondeur, on a donc l’impression d’être devant un monde parallèle qui se dessine à même le mur où l’œuvre est apposée. Pour Le Diamantaire, l’utilisation du miroir casse les codes du graffiti, puisqu’il s’agit d’un symbole et non de lettrage, ce qui rend ses œuvres accessibles à tous, comme elles outrepassent la barrière de la langue.
Le diamant : un cadeau qui n’a pas de prix
La récupération de matériaux est très importante pour le processus créatif de l’artiste. Dans la société de consommation dans laquelle nous évoluons, Le Diamantaire tente de prouver qu’il y a moyen de réutiliser ce que les gens jettent et même de revitaliser ces objets en les transformant en bijoux. En plus de récupérer les miroirs dans la rue, il essaie de faire de même avec tous les éléments dont il a besoin pour travailler. Le fait de garder le côté brut des composantes est primordial à la conservation de l’esprit street de la démarche de l’artiste. Parfois, l’usure du miroir témoigne de son passé, de son histoire, ce qui rend l’œuvre du Diamantaire d’autant plus riche en sens. Il estime donc que son approche artistique, par rapport à celle du graffiti, par exemple, est plus douce, comme elle propose un logo minimaliste qui est reconnaissable universellement. Dans un monde où presque plus rien n’est gratuit, Le Diamantaire aime faire don de son art au public et ce, dans l’esprit du street art : les œuvres de ce vaste mouvement se présentent d’elles-mêmes aux passants, sans que ceux-ci mettent les pieds dans un musée ou une galerie.
MURAL et Centropolis
On pourra contempler plusieurs de ses œuvres durant ces quatre jours du festival MURAL. MURAL s’avère à être, pour l’artiste, l’occasion de faire de nouvelles rencontres avec d’autres artistes ainsi que celle de se faire connaître au Canada, en plus de lui permettre de faire des expérimentations sur le plan artistique. Vous aurez aussi l’occasion de rencontrer l’artiste le 14 juin prochain puisqu'il sera à Centropolis à Laval pour un projet artistique. « Nous sommes heureux d’annoncer cette collaboration avec le Diamantaire car elle s’aligne entièrement avec notre volonté de démocratiser l’art, explique Karine Rodrigue, directrice marketing de Centropolis. L’art de rue, par sa gratuité est accessible à tous et chacun et permet de donner une valeur ajoutée à un environnement urbain comme le nôtre. De plus, Centropolis soutient le procédé du Diamantaire qui n’utilise que des pièces recyclées pour travailler. Ce sont des initiatives écoresponsables comme celles-ci que nous souhaitons encourager. »
Le Diamantaire orchestrera une chasse au trésor comprenant douze diamants à Centropolis ainsi qu’une installation au Spa Orazio. L’artiste, qui souhaite garder l’anonymat, a exprimé son enthousiasme à exposer à Centropolis: « l’art de rue c’est un petit peu comme donner vie à des bâtiments en les sublimant, en leur donnant de l’éclat et de la couleur, je suis heureux d’apporter ma touche créative à Centropolis » explique le Diamantaire. Une carte interactive « chasse aux trésors » sera disponible à la Galerie Station 16 de Montréal où le Diamantaire exposera cet automne. Après MURAL, les œuvres du Diamantaire feront l’objet d’une exposition solo à la galerie Station 16. Par la suite, l’artiste exposera à Paris dès le mois de septembre prochain, ainsi qu’à Zurich en décembre.
En ce qui concerne l’avenir du street art, Le Diamantaire souhaite qu’il demeure des plus créatifs et qu’il continue d’étonner, puisque c’est l’effet de surprise que procurent les œuvres urbaines que l’artiste préfère au sein de ce mouvement. Pour lui, le street art est une passion dont les artistes font cadeaux aux gens, il faut donc l’apprécier à sa juste valeur.